Ceinture verte.
Ceinture verte.
Dis, Grand-père, il y a une chose que je ne comprends pas : pourquoi les hommes ont-ils eu besoin d’édifier des ceintures vertes autour des villes ?
Parce que les hommes sont ainsi, petite …
C’est pas une réponse, ça, grand-père. Non, c’est pas une réponse !
Tu as raison. Alors je dirais que … c’est parce que les hommes sont des bâtisseurs. Ils ont toujours eu besoin de creuser, de trancher, de percer, de transformer, de combler, de niveler … et que sais-je encore !
Mais, Grand-père, les ceintures vertes, y a pas besoin de les édifier, c’est pas des maisons.
Pourquoi dis-tu cela, petite ?
Ben parce que, les fleurs, les herbes, les arbres, ça pousse tout seul …
Tu as raison. Oui ! tu as raison. Mais les hommes sont comme ça. Ce qui pousse tout seul, comme tu dis, eh bien pour eux, ça ne compte pas …
Pourquoi ça ne compte pas ?
Oh ! c’est très simple : les hommes détestent ce qui ne leur obéit pas. Ils l’appellent le sauvage. Ils en ont très peur. Comme ils en ont très peur, ils le combattent.
Les hommes se battent contre les arbres ?
Eh oui ! Avec leurs machines, leurs tronçonneuses, leurs excavatrices, leurs pelles mécaniques, ils les arrachent, les traînent, les ébranchent, les tronçonnent, les broient, les réduisent en sciure ou bien les laissent là à finir de mourir racines en l’air …
C’est méchant …
Très ! Et c’est surtout inutile, gaspilleux et stupide, puisque, après, ils plantent et sèment. Mais là, c’est différent, parce qu’ils ont décidé qui aura le droit de pousser dans leurs ceintures vertes.
Et il y avait de l’eau dans leurs ceintures vertes ?
Oui ! mais aux endroits où ils avaient décidé. Pas ailleurs …
Et des moustiques, des abeilles, des pinsons, des hérissons, des écureuils, des animaux quoi ?
Pas vraiment, pas beaucoup, surtout des faux, des drones ou des robots. Les vivants, ils étaient morts.
Et, dis-moi, Grand-père, en dehors des ceintures vertes, il y avait quoi comme ceinture ?
On dira : des ceintures grises ou noires comme le béton, le bitume et l’asphalte.
Dialogue entre le Grand-père et sa petite fille, en l’an 2035 et plus, ou moins ! De notre envoyé spécial pour Gens de la Fontaine, an 2019.